dimanche 1 avril 2012

Mort et émerveillement

"Je découvris une nouvelle intensité - celle de la conscience effilée d'être accoudé chaque jour au parapet branlant de la mort. J'étais à nouveau émerveillement."
Extrait de "La Horde du Contrevent" de Damasio.

Quel écho cette phrase peut avoir dans mon cœur! Comme si je comprenais enfin pourquoi je pouvais si facilement m'émerveiller par rapport aux autres.

Un hérisson sur le trottoir à la faveur de la nuit, un merle qui chante, des végétaux dans les fentes du béton. Les arbres en fleurs, le bruit des pommes de pin s'ouvrant sous la chaleur, l'odeur de l'humus... Tout cela m'émerveille même et surtout dans la grande ville: le combat de la vie dans un espace mort.

Mais il est vrai, que j'ai une conscience aiguë de ma mortalité. Il m'arrive parfois, le matin, en franchissant le seuil de la maison, de me dire: "Si cela se trouve, je ne verrais pas ma famille ce soir, je serais déjà partie." Et aussi loin que remonte ma mémoire, j'avais conscience de cela.
Ce n'est pas triste, enfin, un peu. C'est la peur de la séparation, de ne pas avoir pu suffisamment exprimer son amour mais jamais la peur de la mort.

Quand on a conscience de la mort planant au dessus de nous à chaque instant, comment faire autrement que profiter de chaque instant comme le premier? de chaque instant comme le dernier?

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